bien joué
Bien qu'il soit question de mouches, et malgré ce que pourraient croire certains esprits mal tournés, le verbe 'prendre' n'a pas ici son autre sens classé X, que certaines personnes trop tatillonnes appliquent parfois à ces malheureux diptères ().
Non, 'prendre' signifie ici "recevoir" ou "ressentir l'effet de" comme dans "prendre ombrage".
Qui s'est déjà promené au fin fond des campagnes françaises, du côté de Marly-Gomont ou du Monteil-au-Vicomte, par exemple, aura pu parfois constater, dans un pré voisin, qu'une vache est soudain devenue comme folle, se mettant à courir en meuglant à travers son lieu de pâture, alors qu'aucune de ses congénères n'avait l'air de l'avoir spécialement perturbée. Et, inévitablement, vous vous dites alors "mais quelle mouche l'a donc piquée ?".
Eh bien justement ! Imaginez-vous à sa place, en train de brouter tranquillement, lorsque, alors que vous soulevez votre queue histoire de lâcher tranquillement une de ces bouffées de méthane qui participent à la pollution de notre atmosphère, un taon espiègle vienne par là planter son dard dans une zone très sensible.
Dans ces conditions, une fois qu'on sait tout, on comprend très bien la réaction brutale du ruminant. Mais vu de l'extérieur, ce bovin paraît s'être énervé d'un coup pour rien.
Cette expression date du milieu du XVIIe siècle (mais "prendre mouskes" existait déjà au XIVe). À cette époque, le terme 'mouche' désignait tous ces insectes volants et agaçants que sont les mouches, les guêpes, les bourdons, les frelons, les taons, etc.
Et pour expliquer encore plus la naissance d'une telle expression, il est intéressant de savoir qu'au XVIe siècle, 'mouche' employé au figuré désignait aussi une pensée brusque ou un souci.
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